2020 et le coronavirus vu à travers les yeux de Joël le prophète

Il existe un sens dans lequel la pandémie mondiale a été bonne pour nous. N’importe quoi qui peut ouvrir nos yeux aux réalités qui étaient cachées ou ignorées peut être considéré comme étant bénéfique.

N’est-ce pas vrai que nous avons appris une leçon importante en 2020? Comme les égyptiens d’antan, puissants parmi les nations, nous avons découvert que notre perspicacité scientifique et notre puissance technologique est faible face au Dieu vivant.1 Comme le Pharaon, nous aurions peut-être continué à nous considérer comme des dieux sur la création si cela n’aurait pas été pour une bonne gifle au visage. Dix plaies terrifiantes ont mis le puissant Égypte à genou. Un virus minuscule a paralysé la civilisation puissante et globale du vingt-et-unième siècle.

Donc, qu’avons-nous appris? Seulement la leçon la plus importante. Dieu est Dieu, et nous ne le sommes pas. Comme le proverbe le dit, « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel. » (Prov 9:10; NEG). Il est bon d’avoir une saine crainte de Dieu. Le restant de la vie s’ouvre à notre compréhension quand nous connaissons notre place.

Ainsi, si nous avons appris notre leçon, nous pouvons continuer à apprendre. Je propose que nous fassions une visite avec un vieil ami (ou, peut-être, une conversation en vidéo?). Son nom est Joël, le fils de Pethuel, prophète du Dieu Très-Haut. Joël est un expert en ce qui concerne les plaies. Il a connu une plaie dévastatrice de sauterelles. Elles ont tout mangé – absolument tout. C’est instructif de découvrir le point de vue de Joël face à la destruction. (Si vous n’avez jamais lu Joël, c’est un bon moment de le faire. C’est court; seulement trois chapitres. Vous trouverez Joël entre ses collègues Osée et Amos.)

Je veux souligner deux messages qui ressortent du livre de Joël. D’abord, permettez-moi de donner une brève orientation du livre.

Introduction à Joël

Joël est un livre court, mais il n’est pas un livre facile (vous n’avez qu’à demander à mes étudiants d’exégèse). Il y a d’importants désaccords concernant quelques aspects fondamentaux de structure, du message, et quand cela a été écrit. Aujourd’hui, pourtant, nous n’avons pas besoin de nous laisser ralentir par aucune de ces choses. On peut assez facilement découvrir mes points principaux par une simple lecture.

Je vais prendre pour acquis que Joël a deux parties principales qui sont reliées par le terme clé « le Jour de l’Éternel ». Ce Jour de l’Éternel est un concept qui est développé à travers la littérature prophétique.2 En bref, cela fait référence à un jour dans l’avenir, le jour du jugement dans lequel Dieu redressera tout en punissant les méchants et en donnant raison aux justes.

Voici les deux parties de Joël:

  1. Joël 1:1-2:27: Regardant une plaie sévère de sauterelles dans le présent de Joël, ses conséquences, et la suite immédiate.
  2. Joël 2:28-3:21: Regardant l’avenir lointain (du point de vue de Joël).

Le thème commun entre les deux parties est le Jour de l’Éternel. On pourrait presque dire que Joël voyait la plaie de sauterelles comme étant une avant-première du Jour du Seigneur. La plaie est devenue une opportunité pour le peuple de réfléchir sur leur destin éternel et à chercher l’Éternel pendant qu’il y avait encore du temps pour le faire.

Je vais montrer mes deux points à partir de la première partie de Joël.

Vous êtes-vous même arrêtés pour considérer la gloire de Dieu?

Ce qui m’émerveille chaque fois dans Joël est sa manière de commencer en détournant l’attention des souffrances du peuple, vers l’état pitoyable du temple de Dieu. Il est naturel pour nous de focaliser l’attention sur nous-mêmes. Le message prophétique pointe vers la gloire de Dieu.

Examinons la manière dans laquelle Joël développe ceci. Joël 1:4-7 raconte une dévastation sans parallèle, dont personne n’a jamais vu rien de semblable (voir Joël 1:3):

Ce qu’a laissé le gazam, la sauterelle l’a dévoré;
Ce qu’a laissé la sauterelle, le jélek l’a dévoré;
Ce qu’a laissé le jélek, le hasil l’a dévoré.
Réveillez-vous, ivrognes, et pleurez!
Vous tous, buveurs de vin, gémissez,
Parce que le moût vous est enlevé de la bouche!
Car un peuple est venu fondre sur mon pays,
Puissant et innombrable.
Il a les dents d’un lion,
Les mâchoires d’une lionne.
Il a dévasté ma vigne;
Il a mis en morceaux mon figuier,
Il l’a dépouillé, abattu;
Les rameaux de la vigne ont blanchi.

Pouvez-vous vous imaginer le stress des parents qui se demandent comment ils vont nourrir leurs enfants? Pouvez-vous ressentir le danger imminent pour vous-même, vos bien-aimés, et vos animaux? Le danger était réel, et extrême. Et pourtant, quel est le prochain pas que Joël fait?

Lamente-toi, comme la jeune femme qui se revêt d’un sac
Pour pleurer le fiancé de sa jeunesse!
Offrandes et libations disparaissent de la maison de l’Éternel;
Les sacrificateurs, serviteurs de l’Éternel, sont dans le deuil. (Joël 1:8-9)

Joël revient au même thème un peu plus loin:

Sacrificateurs, ceignez-vous et pleurez!
Lamentez-vous, serviteurs de l’autel!
Venez, passez la nuit, revêtus de sacs,
Serviteurs de mon Dieu!
Car offrandes et libations ont disparu de la maison de votre Dieu. (Joël 1:13)

Joël n’ignore pas la souffrance des personnes ou des animaux. Et pourtant, il y a un sens dans lequel c’est la maison de l’Éternel, son temple, qui est primordial dans la pensée du prophète (voir aussi Joël 2:14). Le message est: Oui, ça va mal pour vous, mais vous êtes-vous même arrêtés pour considérer la gloire de Dieu?

Étant donné l’encadrement de l’Ancien Testament, l’adoration de Dieu dépendait d’amener le meilleur de la récolte et des animaux à Dieu. S’il n’y a pas de récolte, alors il n’y a rien à apporter. S’il n’y a rien à apporter, alors il n’y a pas d’adoration. Au moins, toute adoration manquerait cette reconnaissance joyeuse que Dieu désire.

Nous pouvons aller un pas plus loin. Dans une époque de paganisme polythéiste, un manque d’adoration riche et joyeuse aurait été une preuve que le Dieu d’Israël était faible et incapable de pourvoir pour son peuple. Maintenant la réputation de Dieu était en jeu. Et ceci, à son tour, est mauvais pour les nations, puisque le salut vient seulement de l’Éternel (voir Joël 2:17; 19; 27; 32). Pourquoi chercheraient-ils le Seigneur pour trouver la vie en son nom s’ils ne voient aucune bonne raison pour le faire?

Au milieu de cette pandémie, avez-vous pris une pause pour considérer la gloire de Dieu? Avez-vous considéré les manières dans lesquelles notre témoignage comme chrétiens individuels et comme église unie peut avoir des conséquences pour la réputation de Dieu? Les nations regardent toujours. Leur salut dépend du fait qu’ils reconnaissent la beauté de Dieu. Verront-ils la beauté de Dieu en vous pour être attirés vers le Dieu vivant?

Repentez-vous maintenant, tandis que la porte est ouverte

Pour Joël et ses compagnons, la plaie était sérieuse; de loin plus dangereuse que notre propre virus. Malgré cela, Joël pointe au-delà de la plaie à quelque chose qui est plus terrible, le grand et terrible Jour de l’Éternel qui est à venir. On peut être affamé, ou devenir malade maintenant, et c’est une mauvaise chose. Toutefois, ce qui est plus sérieux, c’est le jugement final. Le restant de la Bible rend clair que c’est beaucoup pire d’être trouvé comme ennemi de Dieu au dernier jour, que de souffrir dans cette vie (p. ex. Rom 8:18; Apoc 21:7-8).

Que faisons-nous au milieu de la pandémie? La chose sage à faire, dit Joël, est se repentir; se repentir, et appelé d’autres à se repentir.

N’oubliez pas que c’est Dieu Lui-même qui amène la plaie de sauterelles (dépeinte ici comme une armée) :

L’Éternel fait entendre sa voix devant son armée;
Car son camp est immense,
Et l’exécuteur de sa parole est puissant;
Car le jour de l’Éternel est grand, il est terrible:
Qui pourra le soutenir? (Joël 2:11)

Si Dieu lui-même est contre nous, alors il n’y a qu’une place où nous pouvons nous tourner – vers Dieu lui-même:

Maintenant encore, dit l’Éternel,
Revenez à moi de tout votre cœur,
Avec des jeûnes, avec des pleurs et des lamentations!
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements,
Et revenez à l’Éternel, votre Dieu;
Car il est compatissant et miséricordieux,
Lent à la colère et riche en bonté,
Et il se repent des maux qu’il envoie.
Qui sait s’il ne reviendra pas et ne se repentira pas,
Et s’il ne laissera pas après lui la bénédiction,
Des offrandes et des libations pour l’Éternel, votre Dieu? (Joël 2:12-14)

Nous ne pouvons pas obliger Dieu de faire quoi que ce soit. Et toutefois, aussi longtemps que nous vivons, « aussi longtemps qu’on peut dire: Aujourd’hui » (Héb 3:13), nous avons l’opportunité de chercher Dieu et vivre (Amos 5:4). « Alors quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé » (Joël 2:32).

Qui sait, cette pandémie peut avoir été désignée spécifiquement pour éloigner nos esprits paresseux de nos buts présents pour les conduire vers les choses qui importent beaucoup plus. En particulier, elle est peut-être désignée pour le salut de plusieurs qui viennent juste d’apprendre que Dieu est Dieu, et que nous ne le sommes pas.

Laissez-moi terminer avec trois exhortations. Premièrement, prenez cette opportunité pour vous repentir et chercher Dieu. Il a peut-être un plan pour vous qui est meilleur que ce que vous auriez imaginé auparavant (voir Joël 2:18-27). Deuxièmement, prenez cette opportunité pour vous réunir avec votre église et prier concernant comment vous pouvez amener la gloire de Dieu dans ce temps difficile. Les gens regardent. Troisièmement, prenez cette opportunité pour pointer les gens au-delà de cette pandémie vers le Jour grand et terrible de l’Éternel qui doit venir. Les gens ont besoin d’entendre l’Évangile de Jésus-Christ. Un grand nombre seront maintenant plus préparés à le recevoir que jamais auparavant.


  1. Si cette référence à l’Égypte d’antan n’est pas familière pour vous, je vous recommande la lecture de l’histoire biblique dans Exode 1-15. 
  2. Voir, par exemple, Ésaïe 2:12; 3:8-11; 4:2-4; Amos 4-5; Sophonie 1:12; 1:14-2:3. 
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Jacques Boulet (PhD, Université de Toronto) est directeur de Farel | Institut de Théologie Réformée et chargé de cours à la Faculté de Théologie Évangélique. Ses spécialités académiques sont les langues bibliques et l'Ancien Testament. Il cherche à contribuer à la croissance de l'Église au Québec en enseignant la Parole de Dieu et en enseignant à d'autres à l'enseigner à leur tour. Il a déjà servit comme éditeur de SOLA. Avec son épouse Paige, il a trois enfants.

Published By: Jacques Boulet

Jacques Boulet (PhD, Université de Toronto) est directeur de Farel | Institut de Théologie Réformée et chargé de cours à la Faculté de Théologie Évangélique. Ses spécialités académiques sont les langues bibliques et l'Ancien Testament. Il cherche à contribuer à la croissance de l'Église au Québec en enseignant la Parole de Dieu et en enseignant à d'autres à l'enseigner à leur tour. Il a déjà servit comme éditeur de SOLA. Avec son épouse Paige, il a trois enfants.