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À travers le Canada, dans plusieurs provinces et municipalités et maintenant au Parlement, des lois ont été proposées (et la plupart ont passé), proscrivant la « thérapie de conversion ». Les chrétiens devraient s’en préoccuper. Tel que ARPA Canada l’explique dans son rapport sur la politique concernant la thérapie de conversion, tout est dans les détails : la manière dont on définit la thérapie de conversion détermine à quel point une telle proscription serait bonne ou mauvaise.

Définition de la Thérapie de Conversion dans la Loi C-6

Le premier octobre 2020, le gouvernement fédéral a introduit une législation pour criminaliser la « thérapie de conversion » au Canada. La Loi C-6 définit la thérapie de conversion comme étant n’importe quel « pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. » Cette définition est large et, si elle n’est pas amendée, elle fera du tort à la mission de l’église.

C’est difficile de décrire l’étendue de cette proscription criminelle proposée puisque les termes « pratique », « traitement », et « service » ne sont pas définis. Cela semble clair, toutefois, que ça s’appliquerait au-delà des services fournis par des professionnels de la santé ou des conseillers agréés (d’autres parties du Code criminel parlent des professionnels de la santé, et de traitement médical, mais non pas la Loi C-6). Ce que nous verrions probablement serait l’implémentation de la proscription avec des policiers et des procureurs qui choisissent les cas les plus clairs au début. Ces précédents seraient utilisés ensuite pour poursuivre les cas moins évidents.

Permettez-moi d’appliquer la définition directement au travail de l’église. Cette loi rendra une offense criminelle le fait d’aider – par le moyen de la conversation et la prière – une personne qui lutte avec son orientation sexuelle (par exemple, un chrétien qui est attiré par le même sexe) ou avec des pensées ou comportements sexuels (regarder de la pornographie gaie) ou avec l’identité de genre (par exemple, se croire un homme piégé dans un corps de femme), à amener leurs pensées, leurs paroles, et leurs actions en conformité avec la Parole de Dieu.

Mais à cause de la nature à sens unique de cette définition, un pasteur ou un conseiller serait libre d’encourager un homme à explorer des désirs envers le même sexe, ou expérimenter avec un comportement homosexuel.  Pareillement, le fait d’encourager une adolescente à apprécier et aimer le corps femelle que Dieu a créé et jumelé avec son âme serait une action criminelle. Mais l’opposé (l’encourager à expérimenter avec un changement du cisgenre à « genderqueer », non binaire, transgenre, etc.), à n’importe quel âge, serait permis.

S’il n’y a pas d’amendement, la Loi C-6 privera certains membres de la communauté LGBTQ+ du grand éventail de choix pour les conseils spirituels qui sont gratuitement disponibles aux autres canadiens. Dans une tournure malheureusement ironique, la définition maladroite dans la Loi C-6 fait une discrimination contre les personnes qu’elle prétend aider.

La Façon dont la Loi C-6 proscrit la thérapie de conversion

La plupart de la législation concentre sur comment la thérapie de conversion serait restreinte, incluant la prohibition de profiter de, ou de faire de la publicité pour, la thérapie de conversion.  Tandis que les adultes peuvent encore consentir à la thérapie de conversion, la législation proscrit d’engager dans quelque forme que ce soit de thérapie de conversion chez un enfant. La loi donnerait à la police les mêmes pouvoirs de saisir et censurer les annonces publicitaires pour la « thérapie de conversion » qu’ils ont déjà en relation avec la pornographie infantile.

Les pénalités pour de telles offenses incluent une sentence maximum de cinq ans en prison et/ou une lourde amende. En plus, dans le Code criminel, une « offense » signifie non seulement faire l’action, mais aussi aider quelqu’un à commettre l’action ou à tenter l’action. Cela veut dire que si le comité d’anciens d’une église décidait de procéder avec la relation d’aide biblique sur la sexualité, tous les membres seraient potentiellement légalement responsables, même si seulement le pasteur ou un professionnel engagé était en train de faire la relation d’aide pour l’église.

Comment la Loi C-6 impacte le ministère pastoral: Des Croyances en Compétition

La Loi C-6 déclare dans son préambule: « les thérapies de conversion… causent des préjudices à la société, notamment parce qu’elles se fondent sur des mythes et stéréotypes qu’elles contribuent à propager au sujet de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, dont le mythe selon lequel l’orientation sexuelle et l’identité de genre peuvent et devraient être modifiées ». Ce langage expose un conflit sous-jacent. D’un côté, cette loi cherche à supprimer certaines croyances (c’est-à-dire, « mythes ») et de l’autre côté, elle protège et soutient d’autres croyances (c’est-à-dire les croyances humanistes séculières et gnostiques) concernant l’anthropologie, la sexualité et l’identité.  (J’ai écrit ailleurs concernant la question de si cette prohibition devient une prohibition de conversion religieuse).

Soyons clairs concernant ce que nous croyons en tant que chrétiens. Nous affirmons la dignité inhérente et la valeur de chaque individu. Chaque personne est une création unique, faite à l’image de Dieu. À cause de cette croyance, nous aimons tout individu et désirons que tous soient pleinement et également protégés dans la loi.  Toutefois, nous reconnaissons que les désirs et comportements entre le même sexe, de même que n’importe quels désirs et comportements qui ne conforment pas aux normes de Dieu, requièrent la repentance.  Nous savons aussi que la dignité humaine ne dépend pas de quelles impulses pécheresses nous suivons (ou non) ou de quelles nous nous repentons (ou non).  Et nous reconnaissons que bien des gens peuvent changer, et ont changé, leur « identité de genre » ou « orientation sexuelle », quelquefois plus d’une fois.

Par exemple, bien des personnes – chrétien ou pas – ont regretté d’avoir adopté une identité « transgenre » et ont « dé-transitionné » pour vivre de manière conforme à leur sexe biologique. Si le Parlement va écouter les voix de ceux qui ont fait la transition, ils ont besoin d’entendre les voix de ceux qui ont dé-transitionné.  Et si le Parlement refuse d’entendre ces voix, l’église doit le faire. À cause de l’amour et le souci pour les membres de notre troupeau qui luttent avec la question de qui ils sont ou celle de leur appartenance, nous ne pouvons pas les abandonner aux idées dominantes et destructives de cette époque.

Si la Loi C-6 passe sans amendement, des aspects du ministère de l’église (envers les jeunes particulièrement) dans une époque de confusion sexuelle seraient criminalisés.  Les leaders d’église et les conseillers professionnels pourraient faire face à des amendes et du temps en prison s’ils continuaient à conseiller bibliquement avec fidélité. À travers tout cela le témoignage de l’évangile serait marginalisé, ce qui empêcherait plus de gens d’entendre et d’expérimenter la joie et la liberté qu’on trouve en Jésus-Christ.  La proscription des annonces publicitaires ou du fait de définir les entreprises comme incluant les églises dans le contexte des proscriptions de la thérapie de conversion, sont des exemples de comment le gouvernement civil limite la portée de l’évangile aux gens dans la communauté LGBTQ+. « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche? » (Romains 10:14; NEG).

Comment l’Église Peut Avancer

Mais nous ne nous décourageons pas. Ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné; au contraire, son Esprit nous remplit de force, d’amour et de sagesse. La puissance de l’évangile est de sauver. L’église fidèle ne permettra pas que de mauvaises lois l’empêchent de faire le travail de miséricorde et de compassion auquel Dieu l’a appelée. Les pasteurs et les anciens (et les dénominations) devraient traiter soigneusement le sujet de l’identité, l’éthique sexuelle, la conversion, et l’appartenance, de préférence par écrit.

Le document Report on Human Sexuality (Rapport sur la sexualité humaine) de l’Église Presbytérienne des États-Unis, de 2020, nous donne un bon commencement pour cela. Soyez clairs concernant ce que vous êtes appelés à faire en dépit de ce que la loi concernant la thérapie de conversion puisse être. Ceci aidera les dirigeants de votre église à se maintenir fidèles dans les moments stressants, aidera à votre troupeau à comprendre ces questions du point de vue biblique, et pourrait aider à expliquer votre point de vue à un gouvernement civil qui n’est pas au courant de ce que sont vraiment les pratiques de l’église.

Cela est utile pour l’Église de se rappeler l’approche que nous avons au sujet de la conversion. Nancy Pearcey l’exprime bien:

« Pendant que nous travaillons les questions morales, il est important de se rappeler le but principal. Ce n’est pas, en premier lieu, de persuader les gens à changer leur comportement. C’est de démolir les barrières qui empêchent de devenir chrétien. Peu importe à qui nous nous dirigeons, ou avec quelle question morale la personne est en train de lutter, leur premier besoin est d’entendre l’évangile et connaître l’amour de Dieu. » (Love Thy Body, p. 260)

Quand nous commençons avec ce principe et quand nous prions et nous nous confions que l’Esprit fasse son œuvre, nous devrions avoir confiance que Dieu convertira ceux qu’Il veut convertir, peu importe ce que César planifie de proscrire.

Cet article est basé sur la première lecture de la loi C-6 le 1er octobre 2020. La deuxième lecture a eu lieu le 11 décembre 2020, après la publication de l’article original en anglais le 2 décembre 2020.

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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