Les réprimandes d’un ami devraient guérir

J’imagine que nous avons tous reçu une réprimande d’un ami qui nous a fait ressentir qu’ils n’étaient pas là pour nous ou encore qu’ils ne nous aimaient pas. Cela ne devrait pas arriver. Un des superpouvoirs des chrétiens consiste à réprimander quelqu’un tout en lui faisant sentir que vous l’aimez et que vous ne l’abandonnerez jamais.

La réprimande d’un ami devrait viser à guérir, non pas à blesser. Après tout, « la bonté de Dieu te pousse à la repentance » (Rom 2.4). Alors il va sans dire que si nous voulons que quelqu’un se repente, nous devrions être aimables.

Comment pouvons-nous être ce bon ami dont les paroles apportent la guérison et non la blessure? Un endroit pour apprendre cela est le livre des Proverbes.

Les amis

Dans le livre des Proverbes, Salomon dit : « les blessures d’un ami prouvent sa fidélité » (Prov 27.6). Ailleurs dans le livre, nous lisons que « L’ami aime en tout temps » (Prov 17:17) et « il est tel ami plus attaché qu’un frère » (Prov 18.24). En d’autres termes, un ami devrait aimer d’un amour plus proche et plus intime que l’amour d’un frère ou d’une sœur. Quand un tel ami vous conseille, c’est avec douceur : « et les conseils affectueux d’un ami sont doux » (Prov 27.9).

On pourrait en dire davantage, mais ces versets préparent le terrain pour réfléchir à l’amour et aux blessures. Dans un mode parfait, nous considérerions également les récits d’amis tels que David et Jonathan, dont « [son] amour pour [David] était admirable, au-dessus de l’amour des femmes » (2 Sam 1.26). J’imagine que cela illustre le genre d’ami qu’il faut pour guérir une blessure.

Amour et vérité

Dieu est amour (1 Jean 4.8, 16) et vérité (Jean 14.6). Et ainsi nous disons la vérité avec amour, ce qui signifie que nous disons la vérité d’une manière aimable (Éph 4.15). Pour nous, l’amour est une chose; la vérité en est une autre1. Nous devons alors dire la vérité avec amour, et aimer sincèrement, parce que l’amour n’est pas vérité, et la vérité n’est pas amour.

Personne ne devrait dire, j’ai dit la vérité, et c’est tout ce qui compte. La vérité pure et dure est généralement une vérité sans amour. Une vérité aimante est généralement une vérité bienveillante, « Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance » (Rom 2.4)?

« L’amour est patient, il est plein de bonté, » écrit Paul (1 Cor 13.4). Et il n’est donc pas très difficile de comprendre ce que cela peut vouloir dire pour nous. Cela signifie: dire la vérité avec amour et aimer sincèrement.

Les exceptions

Les exceptions confirment la règle. Paul a écrit aux chrétiens de Galatie en décrivant ses adversaires de manière sarcastique. Il a écrit aux chrétiens en utilisant un langage choquant, bien que je doive noter ici qu’il ne s’est pas adressé directement à ses adversaires galates de cette manière.

Jésus lui-même parle avec force contre les hypocrites religieux — ceux qui prétendent connaître la vérité, mais qui l’utilisent comme une arme pour pousser les gens hors du royaume. C’est à ce groupe au cœur dur et au cou raide que Jésus utilise le marteau plutôt que le ciseau.

Il y a une place pour les paroles fortes. Il y a un rôle pour le marteau. Mais la règle générale de la vie chrétienne est « de ne médire de personne, d’être pacifiques, modérés, pleins de douceur envers tous les hommes » (Tite 3.2).

Je plaide ici pour la règle générale de la vie chrétienne sur laquelle le Nouveau Testament insiste à maintes reprises. Je n’exclus aucune parole forte ou dure, mais ce sont des exceptions à la règle et pour de bonnes raisons. Jésus connaissait le cœur de chacun (Jean 2.25); nous ne le connaissons pas (1 Sam 16.7). Et donc Il avait toujours de bonnes raisons. C’est plus difficile pour nous puisque « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jacques 1.20).

Alors, y a-t-il jamais un moment pour renverser les tables? Lorsque vous êtes le fils de Dieu, qui vient dans la maison de son père, qui représente son corps, vous pouvez renverser les tables pour symboliser la pureté venant au temple de Dieu par l’Esprit. Mais autrement, « que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère » (Jacques 1.19).

Les blessures d’un ami

Le Saint-Esprit nous donne un superpouvoir. Quand l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui demeure en nous (Rom 5.5), nous pouvons aimer patiemment même nos ennemis — tout comme Jésus est mort pour les pécheurs (Rom 5.8). Nous pouvons faire preuve de la même patience que Dieu nous a démontrée, et qui a conduit à notre repentance (Rom 2.4).

Lorsque vous réprimandez un ami, assurez-vous qu’il sait que vous l’aimez et qu’il peut toujours compter sur vous. Il devrait entendre la réprimande comme un remède pour l’âme, non pas un couteau dans le cœur. Bien que la réprimande puisse piquer, cela ne devrait être que pour un court instant. Comme Hébreux nous le rappelle: « il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Héb 12.11).

Les blessures d’un ami fidèle guérissent parce qu’elles sont des paroles de vie, de bonté et d’amour. J’ai déjà été réprimandé par des amis, et aussi par d’autres gens. Mon expérience est toujours distincte avec ces premiers. La clé semble être l’amour et la bonté véritables.

Il est fort probable que les richesses de notre manque de bonté ne mènent pas à la repentance, mais à la dureté de cœur et à l’aliénation. Si nous nous soucions des autres, nous devons utiliser notre superpouvoir. Nous devons nous appuyer sur l’Esprit pour pouvoir aimer comme Dieu le fait, selon nos capacités en tant qu’êtres humains (voir Jacques 1.20).

Notre bonté et notre amour devraient aller de pair avec nos paroles de vérité. Lorsque nous y arrivons, je pense que nous pouvons dire que nous sommes devenus des amis fidèles; et nous savons que nos réprimandes apporteront la guérison, tant et aussi longtemps que quelqu’un accepte le remède.  


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.


  1. Puisque Dieu est ‘simple’ (terme technique théologique), l’amour et la vérité sont un en Dieu. Puisque nous ne sommes pas simples, l’amour et la vérité sont distincts pour nous. 
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Wyatt Graham (PhD., Southern Baptist Theology Seminary) est le directeur général de TGC Canada. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @wagraham.